lucyin
Date d' arivêye: 2005-07-07 Messaedjes: 3664 Eplaeçmint: Sidi Smayil, Marok
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Date: sem 13 set, 2014 0:42:12 Sudjet: Egzimpes di mierès complicåcions e Feller |
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dicåce
Le système Feller en pratique.
A propos de l'orthographe du mot « dicåce »
Le « système Feller » est un système de notation des accents du wallon, mis au point par Jules Feller en 1900. Il a été adopté par la Société de Langue et de Littérature Wallonnes dès 1901. Puis, progressivement, tout au long du 20ème siècle, par l'ensemble des sociétés littéraires de la Wallonie linguistique. Par contre, son usage n'a pas été généralisé, ni pour le picard, ni pour le gaumais.
Il est dit phonético-analogique, vu qu'il allie des critères phonétiques (en essayant de suivre la règle : une lettre pour un son) et analogique (en tenant compte de la graphie des mêmes mots en français).
Ses plus grandes avancées :
* les graphies « tch » et « dj » pour noter des mots comme « tchambe » ou « djin ».
* la graphie « y » pour noter le yod comme dans « couyon ».
* la suppression de toutes les consonnes doubles.
Sa mise en application a contribué à réduire le nombre infini de graphies des écritures spontanées (« orthographe de l'auteur »). Mais le fait que le système note les accents locaux, et laisse de nombreuses latitudes (graphie phonétique OU analogique), les disputes « orthographiques » n'ont pas cessé pour autant avec l'adoption du système Feller.
Prenons l'exemple du mot « dicåce », dans sa prononciation namuroise et sud-ardennaise « dikós ».
Il se présente trois difficultés majeures, une liée au son « k », l'autre au son « ó » et la troisième au son « s ».
Examinons d'abord les difficultés liées à l'écriture du son « ó ».
Il s'agit d'un o long, qui pourrait donc s'écrire ô si on privilégie les critères phonétiques. Mais la connaissance du mot français de Belgique « ducasse » nous montre que ce o provient d'un a étymologique. Dans les zones de Haute-Ardenne, et dès le village de Moircy, on le prononcera « dikâs ». De là, la notation de ce son en wallon liégeois qui est « å », graphie proposée dès 1902, en tenant compte de son allongement palatal dans la région de Verviers. Pour tenir compte de cet élément, et différentier d'un autre son noté ô à Liège (on trô, on pô, côper, il est fén sô), les sociétés littéraires namuroises, dès 1970, utilisent systématiquement la graphie « au ». On a donc trois graphies « correctes » pour noter le son en question.
Quant au son son « k », sa notation phonétique est k, mais des raisons psychologiques et analogiques font souvent préférer la graphies c devant a, comme ici. Mais les deux options sont défendables.
Même problème pour le son « s », qui est noté s en phonétique, et c devant e, sur des bases étymologiques, le mot « dicåce » provenant du même mot latin que le français « dédicace ».
Pour la finale, l'ensemble des utilisateurs du Feller sont d'accord pour l'écrire « à la française » avec un e muet.
Nous aurons donc les graphies Feller « correctes » suivantes :
dikåsse, dikausse, dikôsse, dikåce, dikauce, dikôce, dicåsse, dicausse, dicôsse, dicåce, dicauce, dicôce.
Si on tient compte des prononciations  dans la région de Bastogne, et A dans l'Ouest-wallon, on ajoutera :
dikâsse, dikâce, dicâsse, dicâce, dikasse, dikace, dicasse, dicace.
Maintenant, si on tient comporte des prononciations de la première voyelle, soit I (Namur Sud-Ardenne), U (Ouest-wallon) ou Ë (Brabant wallon), on aura les variations théoriques suivantes :
dukåsse, dukausse, dukôsse, dukåce, dukauce, dukôce, ducåsse, ducausse, ducôsse, ducåce, ducauce, ducôce, dukâsse, dukâce, ducâsse, ducâce, dukasse, dukace, ducasse, ducace, dëkåsse, dëkausse, dëkôsse, dëkåce, dëkauce, dëkôce, dëcåsse, dëcausse, dëcôsse, dëcåce, dëcauce, dëcôce, dëkâsse, dëkâce, dëcâsse, dëcâce, dëkasse, dëkace, dëcasse, dëcace.
Nous avons donc, pour un seul mot relativement simple, 80 « orthographes » correctes.
Le système de wallon unifié (rifondou walon) qui a été mis au point par une équipe de jeunes praticiens du wallon à la fin du siècle dernier1, résout ce problème, en proposant une graphie unique qui, dans ce cas, est « dicåce ».
Cette solution ne sert pas en principe pour noter les wallons « ethniques » (locaux). Mais elle peut servir de modèle d'inspiration, comme c'est déjà le cas dans la revue régionale « Coutcouloudjoû ».
Lucien Mahin, le 15/10/06. _________________ Li ci ki n' a k' on toû n' vike k' on djoû.
Candjî pol dierin côp pa lucyin, li sem 13 set, 2014 0:47:51; candjî 1 feye |
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